Le Comte de Monte-Cristo, Alexandre Dumas
On ne présente plus "Le Comte de Monte-Cristo" d'Alexandre Dumas, un immense classique de la littérature française. Roman phare, roman fleuve, tout a été dit sur cette oeuvre dont la popularité ne s'est jamais démentie depuis sa première parution au 19ème siècle sous forme de feuilleton dans un journal à partir de l'été 1844.
Elle est même revenue très fort sur le devant de la scène l'an dernier, avec l'adaptation cinématographique du roman réalisée par Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte. Le film a connu lui aussi un immense succès.
Je vous épargne un long résumé du roman, l'histoire est connue, archi-connue même. En bref :
En 1815, Edmond Dantès, jeune marin rentrant d'expédition à Marseille, est sur le point de se marier avec Mercédès, la femme qu'il aime. Le jour de leur mariage, Dantès est victime d'un complot et arrêté par les autorités. Il est alors emprisonné au chateau d'If où il croupira de nombreuses années, malgré les tentatives de l'armateur Pierre Morrel de le faire libérer.
Au bord du gouffre, c'est durant cette période qu'il fait la connaissance d'un prêtre italien lui aussi détenu dans une cellule du chateau, l'abbé Faria, qui lui enseigne de nombreuses disciplines et, surtout, lui révèle l'emplacement d'un fabuleux trésor caché sur la petite île de Monte-Cristo dans l'archipel toscan. L'abbé, malade, se sait condamné et c'est lorsqu'il décède que Dantès s'échappe du chateau d'If. Secouru en mer par des contrebandiers, il trouve le moyen de mettre le cap vers l'île et prend possession du trésor.
Devenu richissime, Dantès devient le "Comte de Monte-Cristo" et met à exécution un plan sophistiqué pour se venger de ceux qui ont ruiné ses jeunes années et son mariage.
Paradoxalement, jusqu'à l'an dernier, je n'avais jamais lu le roman ni visionné la moindre adaptation au cinéma ou à la télévision. Poussé par la curiosité et afin de combler cette incompréhensible lacune, je me suis lancé à l'assaut des quelques 1800 pages de ce pavé. Il m'a fallu du temps pour en venir à bout... mais globalement, ça valait largement le coup !
L'aventure, c'est l'aventure !
Monte-Cristo est un pur roman d'aventure, un peu comme une super production littéraire qui emmène le lecteur à la découverte de lieux multiples, variés et intrigants. De Marseille à Rome dans la première partie du roman, on passe à une fabuleuse évocation du Paris de l'époque par la suite. Avec quelques retours en arrière narratifs qui nous emmènent jusqu'à Janina en Épire.
J'ai trouvé, sur cet aspect, beaucoup de qualités au récit dans son évocation des lieux si distincts. D'autant qu'il faut également mentionner la composante (géo-)politique de l'époque. Là aussi, c'est une pleine réussite.
Des personnages passionnants
Le personnage central, déjà, est bien évidemment une réussite totale. L'ambivalence entre Edmond, le jeune marin, et le très mystérieux et puissant Comte qu'il est devenu, structure la chronologie du récit par son évolution. C'est vraiment superbe, d'autant que cette évolution du personnage, à mesure que l'on avance vers le dénouement, n'est plus totalement de son propre fait mais plutôt des conséquences de ses actes.
C'est pour cela qu'il faut parler des autres protagonistes, qui structurent eux aussi - et altèrent - le récit.
En commençant par Danglars, Morcef (alias Fernand Mondego) et Villefort qui sont les trois cibles principales de la vengeance du Comte. Depuis le complot qui a conduit le jeune Dantès au chateau d'If, tous trois ont connu un destin brillant et sont devenus riches et puissants.
Dumas prend énormément de temps pour s'attarder sur le contexte de chacun : leur histoire, leurs familles, leurs amours et leurs parts d'ombre bien sûr. Il y a des intrigues à tous les étages ! Tout est incroyablement bien "ficelé", d'autant que tout cela s'entremêle inévitablement, avec un Comte qui finit lui-même par constater que son plan, pourtant incroyablement complexe et bien mené, ne pouvait pas prévoir tous les cas de figures. Et cela concerne en premier lieu les enfants des complotistes, Albert de Morcef et Valentine de Villefort, qui sont mis en scène dans de très belles histoires.
Il me faut aussi mentionner la descendance de Pierre Morrel, Julie et Maximilien. Ce dernier joue un rôle central dans la deuxième moitié du roman.
Si la vengeance de Dantès constitue la trame principale du récit, tout au long du roman, elle est néanmoins souvent occultée, comme reléguée au second plan, par ce qui arrive à tous ces personnages. Pour mieux ressurgir le moment venu. C'est diablement efficace.
Il y a aussi une foule de personnages secondaires, eux aussi souvent très intéressants, dans l'entourage de Monte-Cristo, des 3 auteurs du complot ou de la famille Morrel. Attention, il faut bien suivre, on peut facilement s'y perdre surtout si, comme moi, vous mettez du temps à lire le roman dans son intégralité !
Pour conclure
L'ensemble est maîtrisé, cohérent et on se passionne pour le destin de tout ce petit monde. J'avoue avoir tout de même trouvé le temps un peu long une ou deux fois dans ma lecture, mais l'intérêt était systématiquement relancé quelques pages plus tard.
Bref, c'est un classique qui se lit facilement et qui n'a pas vieilli, tant l'évocation de son époque est délicieuse et ses intrigues passionnantes.
Très chaudement recommandé !